A lire dans les DNA de ce 13 juin 2017

Publié le 13 Juin 2017

A lire dans les DNA de ce 13 juin 2017

La stratégie du chat et du scooter

Eric Straumann est le député de la majorité alsacienne qui a le mieux résisté dimanche au raz-de-marée de La République en marche. Le fruit d'un ancrage local qui frise l'ubiquité, de coups médiatiques réfléchis et d'une stratégie politique qui épargne tout le monde.

Eric Straumann ne laisse rien au hasard.
Son visage a changé après avoir griffonné quelques chiffres sur une serviette en papier récupérée sur la table du buffet offert dimanche soir à la préfecture de Colmar. Les 38 % écrits au stylo noir ont suffi pour qu'Eric Straumann se départe de son sourire légèrement contraint qui trahit chez lui une inquiétude refoulée. La candidate de La République en marche, Stéphanie Villemin, est à 26 %.

Le député colmarien de 53 ans fait désormais figure de « rescapé » dans les médias alsaciens. « On a sauvé les meubles », dira-t-il aux militants qui l'ont aidé à conclure une campagne démarrée très tôt, à la fois dans sa circonscription, mais aussi à l'Assemblée nationale et au conseil départemental du Haut-Rhin qu'il préside depuis 2015.

Soutien de Bruno Le Maire, Eric Straumann a fait le job dans la campagne de François Fillon en s'efforçant de ne pas s'exposer outre mesure. Et s'il a refusé les appels du pied des lemairistes pour les législatives, il n'a jamais rejeté l'idée de participer à « une majorité de projet » à l'Assemblée nationale. Un lien avec le chef de l'État qu'il n'a cessé d'entretenir en parlant du dispositif RSA/Bénévolat mis en oeuvre au Département et cité par le candidat Macron lors de sa campagne.

« Il essaie de se mettre le moins de personnes à dos », résume un de ses adversaires. Sur la forme, cet ancien directeur d'agence bancaire devenu professeur agrégé d'économie et de gestion pour faire de la politique est très attentif aux réseaux sociaux. Il planifie rigoureusement sa communication avec les médias et n'est pas mécontent quand il fait le buzz.

« Démagogue » pour les uns, réponse à une exigence de l'électorat de droite pour les autres, son opération RSA/Bénévolat lui a valu une exposition médiatique nationale non négligeable, tout comme sa posture contre le Grand Est et son président Philippe Richert.

« Ça ne peut que faire plaisir. Il a coupé l'herbe sous les pieds à tout le monde », note un autre de ses concurrents. « Si on se moque parfois de lui, son côté bonhomme et sympathique passe bien. » Eric Straumann n'a pas commis d'erreurs lors de ses deux derniers mandats et entretien une présence locale qui frise l'ubiquité. Bénéficiant d'une très forte notoriété, il sillonne la circonscription sur son scooter, serrant les mains et claquant les bises.

Il sent mieux que ses collègues les tendances
Une politique à l'ancienne rejetée par l'électorat mais que l'intéressé a sciemment contrebalancée par un argument qui s'est révélé très efficace : son assiduité et son activité à l'Assemblée nationale. Désigné comme « le premier député de France » par le site internet nosdeputes.fr, il en a fait des bandeaux fluorescents qui ont rassuré un électorat méfiant et démobilisé.

Si Eric Straumann a choisi l'angle du travail et du sérieux, critères très importants aux yeux de beaucoup d'Alsaciens, c'est aussi parce qu'il sent mieux que ses collègues les mouvements d'humeur de la population et les tendances de fond. Derrière son visage qui s'est arrondi avec l'âge se cache surtout un élu très malin.

Franck Buchy

Rédigé par Eric STRAUMANN

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