A lire dans l'Alsace du 10 avril 2016

Publié le 12 Avril 2016

A lire dans l'Alsace du 10 avril 2016

DÉPARTEMENT DU HAUT-RHIN
Eric Straumann : « Casser certains codes »
Un an après son élection à la tête du Haut-Rhin, Eric Straumann revient sur une première année de mandat marquée par un contexte budgétaire difficile, des décisions prises « sans tabou » et la volonté affichée de « casser les codes ».
Eric Straumann, qu’est-ce qui marque le plus selon vous votre première année de présidence ?
On aborde les sujets sans tabou et tout le monde me reconnaît le fait de prendre des décisions, même si, dans le contexte budgétaire actuel, cela ne fait pas toujours plaisir. Il a quand même fallu trouver 30 millions d’euros d’économies cette année. C’est peut-être la fin d’une certaine forme de clientélisme… Les décisions sont prises collectivement en commissions, qui décident des arbitrages. J’évite de m’immiscer dans le débat.

Cela donne malgré tout l’impression de décisions subies…
La contrainte vous oblige à réfléchir, mais on fait quand même de vrais choix, par exemple de maintenir la gratuité du transport scolaire ou une fiscalité modérée.

« Des positions politiques difficiles »
En même temps, il est plus facile de réduire le soutien aux associations que de faire payer les parents pour le transport scolaire…
On a aussi pris des positions politiques difficiles, par exemple en arrêtant la subvention au Centre départemental d’histoire des familles ou en réduisant de 400 000 € celle du Conseil départemental pour la musique et la culture.

Au sein de votre majorité, certains comme Raphaël Schellenberger réclament un projet politique pour « sortir de l’arithmétique financière ». C’est pour quand ?
La barque va se stabiliser à partir de 2017 quand il n’y aura plus ces baisses de dotation. On verra alors plus clair où on veut aller. Aujourd’hui, on reste dans un environnement financier très incertain. On ne sait toujours pas si le RSA va être renationalisé ni à quelles conditions. Ce sera aussi fonction de l’environnement institutionnel. Je ne suis pas certain que la grande région survivra à une éventuelle alternance.

« Wait and see… » Vous êtes fidèle à votre réputation de pragmatique…
Je ne veux pas faire de promesses que je ne pourrai pas tenir. Pour l’heure, notre vision globale consiste à assurer au mieux nos propres compétences : avoir une voirie départementale et des collèges en bon état, car certains établissements ont été abandonnés, maintenir de bonnes conditions d’accueil pour les personnes âgées…

Quid de certaines dissensions apparues au sein de votre majorité sur le RSA ou le budget ?
Avoir une majorité pléthorique et pas d’opposition forte est toujours une difficulté. Mais au bout d’un an, force est de constater que cette majorité reste cohérente grâce aux méthodes de travail qui donnent l’essentiel du choix des options aux commissions.

« Il faut nous laisser des marges de manœuvre »
La mesure « RSA contre bénévolat » est un vrai marqueur de votre première année de présidence…
C’est vrai que ce dossier a beaucoup frappé les esprits et pris une dimension nationale. Ce buzz médiatique montre que la question suscite un intérêt très fort dans l’opinion.

Certains de vos collègues craignent qu’une renationalisation du RSA signe l’arrêt de mort des Départements ? Et vous ?
Le président de la République voulait nous supprimer, mais personne ne souhaite assumer la compétence sociale aujourd’hui. Le RSA est une vraie bombe à retardement, avec une croissance annuelle de 8 %. Il faut revoir les critères pour les adapter aux réalités locales et aux situations individuelles, qui ne sont pas les mêmes entre une personne isolée et un jeune hébergé dans sa famille. Je pense qu’il faut de la proximité dans la gestion du RSA et que le couple Département-commune est le mieux placé. Si cela reste une compétence transférée avec un financement pérenne, il faut nous laisser des marges de manœuvre.

« Je n’ai pas d’arrière-pensées »
D’aucuns pensent que votre insistance dans ce dossier traduit une ambition politique nationale…
Je n’ai simplement pas changé d’avis. Pourquoi renoncer à cette délibération qui correspond à des pratiques qui existent en Angleterre, en Allemagne, ou dans les pays nordiques ? Je suis persuadé que ce qui a été décidé ici sera appliqué au niveau national dans un horizon de cinq ans. Mais je n’ai pas d’arrière-pensées. Quand j’étais député, ce n’était pas dans mes projets de devenir président de conseil départemental. C’est d’ailleurs ce qui me permet de casser certains codes, ce qu’attendent nos concitoyens.

Que ferez-vous en 2017, quand la loi sur le cumul vous imposera de choisir entre l’Assemblée et la présidence du Haut-Rhin ?
On verra le moment venu. Mais je pense que la fin du cumul, si elle se confirme, va affaiblir le Parlement. Les députés vont devenir très dépendants des appareils politiques et des investitures.

Vous espérez encore un changement de la loi ?
À l’époque, j’ai voté contre et je n’ai pas changé d’avis. D’autant que cela va coûter très cher : aujourd’hui, les indemnités de ceux qui cumulent sont plafonnées. Avec cette loi, on va encore augmenter le nombre d’élus et les coûts de fonctionnement.

A lire dans l'Alsace du 10 avril 2016

Rédigé par Eric STRAUMANN

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